Le collectif Black Lines a été créé il y a quelques mois pour réaliser des fresques "engagées" autour de faits de société ou politiques. Il est déjà intervenu sur des murs à Paris : rue Henri-Noguères, rue Ordener, rue d’Aubervilliers, à la Poterne des Peupliers mais aussi à Redon et récemment à Nantes. Ses productions sont souvent rapidement repassées par la municipalité.
Le collectif s’inspire des "Black Blocs" qui défilent souvent avec des banderoles dans les manifestations. Il en a repris le code couleurs : noir-et-blanc pour l’intensité dramatique, rouge pour l’énergie.
© THOMAS SAMSON / AFP
Ce samedi, la fresque était consacrée à l’écologie.
La fresque
Les artistes à l’œuvre
Le rapport Meadows
Une des fresques a particulièrement attiré mon attention, celle qui fait référence au rapport Meadows.
Lorsque j’étais étudiant dans les années 70, on parlait beaucoup de croissance zéro car on savait que si l’humanité continuait sur sa lancée, le XXIe siècle connaîtrait un épuisement des ressources, une surpopulation ingérable et une pollution majeure - tous ces phénomènes étant étroitement liés.
Le « rapport Meadows » du MIT, publié en 1972, et qui est évoqué dans la fresque de Vinci Vince, décrivait très bien ces scénarios catastrophes. Il préconisait la croissance zéro, une limitation des naissances et une meilleure répartition des richesses pour satisfaire les besoins de tous les humains sur terre.
Et puis est venu le choc pétrolier de 1973 et l’effondrement des économies. Ce fut une telle catastrophe - le début de la fameuse « crise » - qu’on enterra le rapport Meadows, la croissance zéro étant considérée comme une utopie dangereuse…
Pourtant, 46 ans plus tard, tout ce qu’avait prédit le rapport Meadows se réalise. Mais l’humanité semble victime d’une sorte de « sidération ». Elle regarde tétanisée la catastrophe arriver. Quelqu’un hier à Pantin m’a donné la clé : « Les gens ont tellement peur de l’avenir qui nous attend qu’ils se réfugient dans la consommation à outrance ! ». C’est malin !